On n'en parle très peu et pourtant ils ont joués un rôle considérable pour l'effort de guerre entre 1914 et 1918.
Suite à la défaite contre la Prusse en 1870 et l’annexion de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine, la France va renforcer ses frontières en prévision d'une seconde guerre où la France sortirait victorieuse. Elle entame alors la construction de plusieurs forts dans l'est de la France. Mais le ravitaillement, qui avait fait défaut en 1870 pose toujours problème. A cette époque, la grande majorité des routes sont encore en terre et étroites, empêchant des circulation intensive de camions au tonnage important.
Dans le même temps, la société Decauville développe les chemins de fer en voie de 600 mm (aussi surnommée voie de 60) pour les besoins de l’industrie. L'entreprise développe toute une gamme de wagons et locomotives. C'est alors que le Colonel Péchot (qui donnera son nom au système Péchot), est à l'initiative de tout un réseau militaire en voie de 60, ainsi que d'un matériel très spécifique pour les besoins de l'armée (wagons Péchots). Ce réseau aura même la possibilité d'être adaptable selon les besoins puisque les coupons de rails (ensemble traverses + rails) peuvent être déplacés par 4 hommes, permettant ainsi son évolution selon les combats. Seuls quelques tronçons stratégiques ont été posés en rails lourds. Un système similaire, toujours en voie de 60 sera également utilisé par l'Allemagne, l'Angleterre et les États Unis en 1917.
Si le sujet vous intéresse je vous invite vivement a vous rendre au Tacos de Lacs à Fontainebleau ou encore au Chemin de Fer de la Haute Somme, qui possède encore du matériel datant de cette époque.
A noter que le chemin de fer en voie normale a également été très utilisé pendant cette guerre, notamment pour l'acheminement de pièces d'artilleries, du ravitaillement et ... du matériel en voie de 60.
Voici donc deux reproductions en Lego (en même temps se serait difficile de les reproduire en Playmobil ^^) de matériel en voie de 60. La première est une locomotive Péchot-Bourdon de 1888. Elle porte se nom, car elle fut développée par l'ingénieur Bourdon de la société Decauville, dans le cadre du système Péchot. La locomotive est d'ailleurs parfaitement adaptée aux besoins de l'armée, puisqu'elle est symétrique, ce qui lui permet d'être réversible. Constituée d'une seule chaudière elle a également pour autres caractéristiques de pouvoir prendre de très faible rayons de courbure, ainsi que de pouvoir gravir des pentes maximale de 10%. Néanmoins, on notera que pour une pente de 5% la locomotive ne peux emporter qu'un tonnage de 5T, contre 100T pour une pente de 1%.
Avec une autonomie en eau assez faible (1h), la locomotive était très souvent équipé d'un tuyau qui lui permettait de faire le plein en rivière ou autre point d'eau.
Pour finir rapidement avec l'histoire de cette locomotive emblématique des Petits Trains de la Grande Guerre, elles furent gardées par l'armée à la fin de la Guerre pour aider à la reconstruction des régions dévastées. Elles furent ensuite utilisées pour la construction, puis la desserte de la ligne Maginot. Lorsque que la France capitule face à l'Allemagne en 1940, de nombreuses locomotives Péchot-Bourdon sont déplacées en Allemagne pour y être ferrailler. Aujourd'hui seule deux locomotives sont préservées: une en Serbie et une Allemagne.

Locomotive Péchot - Bourdon 1888 by paum61325, sur Flickr
La locomotive est vue en tête de wagons Péchot (toujours du nom du Colonel Péchot), gardée par deux Soldats Français et un soldats Anglais.
La seconde est un locotracteur à huile lourde produit par Baldwin et importé par les Etats Unis dès 1917, lors de leurs entrée en Guerre. L'avantage de ces locotracteurs nommés Baldwin 50HP, est leurs discrétion à l'approche du front. En effet, durant la Grande Guerre les locomotives à vapeurs constituaient de cibles facile à cause de la lueur de leurs foyers et surtout à cause du panache de fumée.
Après la guerre, la grande majorité des locotracteurs Baldwin resteront sur le sol Français. Ils seront récupérés par l'industrie. Certaines entreprises adapteront certains éléments à la voie normale (écartement de 1 435 mm).

Paul Mauduit